En Nord Pas de Calais : le terrorisme a raison du cyclisme.
Vigipirate, Etat d'urgence, ça vous dit quelque chose ?
Il y a quelques mois les mairies ont reçu les nouvelles normes drastiques en provenance des préfectures concernant les organisations d'événements dans les communes. Le cyclisme en cette année 2017 n'en est pas moins concerné. Les préfectures laissent alors les forces de l'ordre juger des dispositifs nécessaires à mettre en place pour les organisations de courses cyclistes sur route. Ainsi, il serait parfois nécessaire d'engager des sociétés de sécurité pour mettre en place une buvette (lieu de regroupement) ou encore déposer des blocs de bétons (ou des camions, des tracteurs...) aux entrées des circuits et ce en plus des barrières habituelles. Ce n'est pas tout, puisque bien évidemment peut s'ajouter la demande du circuit fermé complètement à la circulation, bref, de quoi réconcilier le cyclisme avec certains riverains qui le voient déjà comme un emmerdement sans nom.
De nombreuses courses sont annulées :
Pourtant... il y a quelques décennies, avant même que la télévision, internet et les réseaux sociaux n'existent, la course cycliste organisée dans quasiment chaque village, était vécue comme un véritable spectacle et une source première d'animation du territoire. Aujourd'hui devant ces demandes des forces de l'ordre et des préfectures, des mairies se voient obligées d'annuler leurs courses cyclistes. Parce que soyons clairs, si les demandes en terme de logistique d'organisation deviennent intenables et que les sportifs sont déçus, c'est aussi les masses électorales des communes qui seraient touchées par leur "parcage" sur leur lieu d'habitation.
Des riverains bloqués chez eux ?
On imagine qu'ils pourraient être prévenus à l'avance de l'organisation de la course et de son circuit fermé mais bon... même prévenus, le dérangement existerait et ce serait un non-sens que de ne pas l'admettre. Peu de personnes alors, auraient envie de se garer "un peu" plus loin pour le loisir de quelques centaines de cyclistes, dont les frères de la même race, emmerdent déjà le monde sur les routes le dimanche matin. Le dimanche qui plus est ! Parce que forcément, nous parlons pour toutes ces organisations, du week-end, jours où par définition, les gens sont chez eux. Tranquillement chez eux ! Non, sans aucune ironie, admettons le, ces décisions sont chiantes pour tout le monde !
Charlie ne fait pas de vélo ?
La culture, le sport et ses valeurs, le Cyclisme, tout ce qui était censé ne pas céder au terrorisme après les attaques de Charlie Hebdo et du Bataclan fout doucement mais surement le camps... Derrière des textes, derrière des recommandations des préfectures et sous préfectures, nous admettons qu'il faut être vigilants. Et pour être bien vigilants... nous admettons qu'il vaut mieux ne plus prendre de risque... du tout... Et pour ne plus prendre de risque du tout... nous admettons qu'il vaut mieux ne plus rien faire, y compris ne plus organiser de fête...
Parce que le cyclisme est une fête !
Aujourd'hui il est possible pour vous d'aller voir un match ou un concert au grand stade de Lille entouré de quelques 50 000 autres humains et après avoir été brièvement fouillé, mais il ne vous est pas possible de prendre le départ d'une course entouré de 60 autres cyclistes en mouvement sur une zone de plusieurs kilomètres. Il est tout à fait possible pour vous le samedi d'aller faire vos boutiques préférées en plein Euralille, sans même être fouillé d'ailleurs, ou d'aller vous amasser dans n'importe quel jardin public pour donner à manger aux canards... Mais il ne vous est pas possible après ça d'aller courir le dimanche. Non ! Si Paris, ses monuments et surtout, surtout ses commerces ont le droit d'être une fête ! Le cyclisme n'a parfois plus le droit de l'être et cède au terrorisme, aux grandes joies de ceux qui le font et dont le but ultime est précisément celui là ! Celui de stopper la fête.
On mettra toujours les moyens pour que le sport de haut niveau et son business puisse perdurer. Le sport amateur lui, peut crever doucement. Et en silence si possible !
L'amateurisme est par définition l'antichambre du professionnalisme. Le cyclisme amateur souffrait déjà beaucoup et pour d'autres raisons (notamment de gestion...), inutile de dire qu'il n'avait pas besoin de ces restrictions. Le sport professionnel à l'image de la rencontre de Dortmund et de l'AS Monaco le lendemain d'un attentat qui les ciblé précisément, démontre que tout sera toujours fait pour le business du sport. Pourtant se soucier du monde amateur, c'est se soucier de la qualité du monde professionnel de demain et donc de la qualité du spectacle et de la fête. Le monde amateur est un investissement au même titre que l'éducation d'une population est un investissement vers l'avenir et non pas une dépense inutile ou secondaire. Mais en cette période électorale, la montée du populisme et de l'extrémisme démontre que la gestion d'une problématique à l'instant T (qu'importe les décisions mêmes si elles enfreignent nos libertés) rapporte toujours plus de voix qu'un programme d'investissement sur l'avenir. Comme ci ce n'était pas ce qu'on fait du présent qui créait l'avenir. Et c'en est de même dans tous les domaines, y compris et surtout, culturels et sportifs, derniers lieux d'effusion consciente ou inconsciente de valeurs humaines profondes.
Alors ne laissons pas les choses se passer comme ça, ou pas sans rien dire ! Ainsi j'invite tous les cyclistes désolés de ces décisions et préférant le risque du plaisir à la certitude de l'ennuie et de la peur, de manifester leurs valeurs à travers un projet commun : randonnée, manif (d'autres idées ?) pour le sport, le cyclisme et pour la paix !